smatch (3)

Même si vous tremblez de peur, introduisez votre tête avec calme

conférence-performance

 

« Même si vous tremblez de peur, introduisez votre tête avec calme » : C’est le conseil qu’un dompteur donne à son apprenti pour réaliser le numéro très connu : mettre sa tête dans la gueule du lion «en toute sécurité».
Dans ce conseil avisé pour réussir son expérience et donc ne pas se faire dévorer, il y a un paradoxe qui nous intéresse. En effet, dans le dictionnaire dompter signifie : « réduire l’animal à l’obéissance par des méthodes de force et de conditionnement pour arriver à le dresser ». Mais dans le cas présent, le dompteur doit maîtriser sa peur pour arriver au calme, développer son intuition, écouter et s’abandonner à son animal. Alors, ils pourront collaborer conjointement à la réalisation d’un numéro pour le plaisir et la joie de tous. Mais on pourrait aussi se demander : pourquoi devoir toujours se maîtriser, dominer sa peur, dépasser ses limites et obéir à cette injonction...

 

Après les deux premiers opus de SMATCH qui ont marqué les esprits du KunstenFestivaldesarts et du Festival d’Avignon, le corridor ouvre une nouvelle fois les portes de son laboratoire d’idées. Troisième volet d'un projet au croisement du théâtre, de la conférence et de la performance, qui mêle la réflexion et l’expérience sensible, SMATCH[3] Même si vous tremblez de peur, introduisez votre tête avec calme part de l’anatomie pour interroger la force et la fragilité de notre condition humaine face aux pouvoirs qui s’exercent sur les corps comme sur les esprits.
Avec ce troisième SMATCH, nous entrons dans le vif du sujet, en partant de la souffrance physique et psychique que peut provoquer cette nouvelle maladie qu’est le burn-out, ce sentiment très profond de tristesse et d’impuissance qui accompagne l’individu. Si cette maladie est à la une de l’actualité, c’est parce qu’elle est sans aucun doute, la conséquence des systèmes de valeurs mis en place dans notre société : performance, compétition, utilitarisme, division, séparation, peur et menace etc.
Nous étudions certaines parties du corps humain (comme le cerveau, la main, le thymus, les « trous», la peau) ainsi que leur fonction (tant du point de vue biologique que métaphorique).
Nous prendrons une fois de plus le pari d’adopter une distance avec l’actualité pour étudier un domaine scientifique particulier, des concepts philosophiques, une poétique, afin de mettre le spectateur au travail (joyeusement) et d’éveiller sa curiosité. Lui permettre de construire de nouvelles questions. Faire honneur à sa puissance créatrice plutôt qu’à son pouvoir d’adaptation.

Dans ce nouveau spectacle, notre contre-pied consiste à questionner notre intérieur, à interroger « l’esprit de notre corps » autant que « le  corps de notre esprit », sous l’angle du mystère (pour tenter de l’apprivoiser), de l’humour (pour pouvoir s’en détacher) et de la complexité (pour toucher à sa transformation).
Et par là même, continuer à remuer les certitudes, restaurer la promesse et la fragilité comme condition d’accès au devenir ensemble dans le lien et la (co)existence.


A l’occasion de ce spectacle, nous espérons chatouiller votre pensée, et si ça gratte — ce que nous attendons un petit peu—  cela veut dire que vous êtes éveillés !
Chaque matin nous donne l’occasion de  commencer quelque chose…et ce parce que nous sommes en vie, tout simplement.
Parce que nous préférons nous dire que « l’homme n’est pas terminé » plutôt que de nous dire que « le monde est foutu ». 
C’est notre façon d’être au monde, nous  y travaillons tous les jours pour repousser les passions tristes et mortifères: celles qui séparent et rendent  impuissants. 
Et par là même,  reprendre contact avec les passions joyeuses, celles par lesquelles nous pouvons exercer notre puissance dans la curiosité, le lien, et le devenir ensemble.
Nous sommes dans une période qui nous annonce que tout est fini, que c’est trop tard…
Nous préférons nous dire que tout est à commencer… comme à l’aube,  quand nous nous réveillons…

Dominique Roodthooft

trailer

Smatch 3 - le Manège à Mons - trailer from lecorridor on Vimeo.

production

le corridor (Liège)


Coproduction : Manège.MONS (Belgique) / KVS (Bruxelles) / Théâtre de Liège (Belgique)

 

Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles / Service du Théâtre et de la Région wallonne
Avec le soutien de la Ville de Liège

 

distribution

Concept : Dominique Roodthooft

Dramaturgie : Vinciane Despret (philosophe), Vincent Geenen (endocrinologue), Csilla Kemenczei (psychanalyste jungienne), Vincent Moreau (physicien), Pieter De Buysser (philosophe et artiste)
Et aussi : Jean-Claude Ameisen, Miguel Benasayag, Middas Dekkers, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Roland Gori, Jean-Claude Guillebaud, Donna Haraway, Matthias Phlips, Peter Sloterdijk, etc.

De, par et/ou avec : Isabelle Dumont, Dominique Roodthooft, Mieke Verdin (dramaturgie et jeu), Joël Bosmans (lumière), Pierre Kissling (musique et chant), Raoul Lhermitte (multimédias), Maxime Coton (régie son)


Merci à Cyrille Aron, Paul Aron, Géraldine Braush, Jacques Corillon, Patrick Corillon, Messieurs Delmotte, Thérèse Delvaux, Gabrielle Guy, Pierre Jamart, Ioannis Katikakis, Fabian Lebourdiec, Fabienne Lorent, Maxime Roodthooft, Danièle Sarto, Anahita Shaffii, Anne-Cécile Vandalem, les hôpitaux liégeois CHU, CHR, ISOSL et l’ULG


création et diffusion

décembre 2013 : Manège.MONS
janvier et février 2014 : KVS - Bruxelles
février 2014 : Théâtre de Liège

novembre 2014 : Centre Wallonie-Bruxelles - Paris

 

presse

 

DA1

l'Écho - 30/01/2014

DA1

la Libre - 19/02/2014

DA1

la Libre - 19/02/2014


 

RTC, L'ardent parler (6 février 2014)

De Standaard, Wouter Hillaert, Meisjes en wetenschap (4 février 2014)

L'Echo, Bernard Roisin, Smatch parle de sciences au théâtre, avec un génie certain… (30 janvier 2014)

50 degré nord (29 janvier 2014, vers la 23ème minute)

Agenda, Catherine Makereel, Stromae, Deleuze et nous (24 au 30 janvier 2014)

Le Soir, Catherine Makereel : Le monde n'est pas foutu (4 décembre 2013)

La libre Belgique, Marie Baudet: Entre biologie et philosophie (4 décembre 2013)

L'envoi de Paul Hermant à Dominique Roodthooft (30 novembre 2013)

le Grand Charivari Musiq3 (23 novembre 2013)

 

extraits de presse

la pensée en mouvement
"A l’occasion de ce spectacle, note Dominique Roodthooft, nous espérons chatouiller votre pensée, et si ça gratte - ce que nous attendons un petit peu - cela veut dire que vous êtes éveillés !" En réajustant à chaque instant cet état de veille, en mettant en mouvement la pensée, en jouant avec les mots, les lettres (une des spécialités du Corridor), les présences, les absences, les sens, "Smatch [3]" interroge crânement notre condition humaine, fragile mais forte, sensible et sensée. C’est dans l’esprit du "gai savoir" qu’on vogue ainsi du "corps" à la "main", du "thymus" au "cerveau", en passant par les "trous" qui, s’ils ne nous résument pas, nous constituent. Sous ce joyeux désordre apparent, une écriture précise, audacieuse, une fine pratique du montage et un joli sens de la composition spatiale, plastique et sonore font le lit - entre biologie et philosophie - d’une curiosité aux aguets, toujours prête à bousculer les certitudes.
La libre, Marie Baudet, 18/02/14

Petite question. Quel est le premier orifice qui se forme chez le bébé dans l’utérus de sa mère ? Réponse : son anus. Autre question. Pourquoi un homme a-t-il déterré huit fois sa jambe amputée? Réponse : Parce qu'il sentait toujours qu'elle n'était pas bien mise.
En effet, c’est non sans facétie que la metteure en scène de théâtre liégeoise, Dominique Roodthooft, s’est plongée dans toutes sortes de grandes et petites théories concernant notre anatomie humaine. Dans une sorte de cabinet médical multimédia, avec, dans un coin, un squelette et un robot près de la table de mixage, elle cherche à insuffler à toutes ces connaissances une forme théâtrale et un peu de légèreté.
Avec Isabelle Dumont, elle lèche un crâne humain, danse sur les circonvolutions de notre cerveau, et imite la division cellulaire lors de la formation du fœtus. La fine intelligence de Smatch 3 est proportionnelle à l'auto-relativisme ludique qui la véhicule. C’est rare.
Dans l’intervalle, deux écrans vidéo diffusent les témoignages de futurologues, psychanalystes et physiciens. Tandis que l'un prévoit l'extension de notre cerveau dans le cloud, l'autre parle de la signification profonde du thymus, qui pour les Grecs, incarne le siège de notre vitalité, tout près du cœur.
On dirait que l'art ici se prostitue à la science mais c'est juste l'inverse : Smatch 3 explore parfaitement les frontières de la connaissance pure jusqu’à la confondre au mysticisme. Un nombre incroyable de pistes surgissent là, comme dans le trou infini du zéro qui refait inlassablement surface. Ainsi le corps humain se ramifie-t-il à travers l'espace et le temps. Depuis son origine animale jusqu'à son lointain avenir dans les nanotechnologies. Il y a tant de choses que nous ne savons pas.
Le moi entier, moteur du libéralisme, n'est qu'une illusion. Un concept développé sur scène, au travers de toutes les disciplines convoquées. Smatch 3 est une petite pièce de cabinet de curiosités qui excelle dans l'art de créer des liens.
De Standaard, Wouter Hillaert: Des filles et la science ***, 4 février 2014

Dominique Roodthooft clôt sa merveilleuse trilogie avec « Smatch 3 » pour interroger la puissance des hommes et contrer le fatalisme ambiant.
Chaque fois elle nous fait le coup, et chaque fois c’est formidable. Chaque fois, à l’annonce d’une nouvelle création de Dominique Roodthooft, on s’arrache les cheveux à essayer de faire rentrer en un seul article toutes les ramifications philosophiques, politiques et scientifiques qui nourrissent son travail. Chaque fois, on se dit que ce n’est plus un spectacle mais le syllabus d’un triple génie universitaire, et chaque fois on découvre au final une pièce d’une intelligence folle certes, mais servie avec une fougue ludique, un naturel espiègle, et une fluidité qui vous donne l’impression, soudain, de saisir le monde dans un éclair de lucidité.
Chaque fois, le principe est le même : partir d’une question philosophique ou politique et l’aborder par le biais d’une science. Dans le premier volet, installé dans un laboratoire physique, il était question d’éthologie pour interroger l’attente et les prophéties autoréalisatrices. Dans le second volet, la botanique faisait carburer la réflexion sur nos certitudes, dans une sorte d’arrière-cuisine. Cette fois-ci, pour le troisième et dernier volet, l’équipe de Dominique Roodthooft partira de l’anatomie pour étudier la question du pouvoir. « Non pas le pouvoir “sur”, c’est-à-dire un pouvoir liberticide, qui opprime, mais le pouvoir “du dedans”, notre puissance intérieure, précise la metteuse en scène. On imagine comment retrouver sur soi et sur le monde une vraie puissance, pas une puissance qui écrase mais une puissance qui se vit dans la joie d’être ce que l’on est, ouvert sur le monde, acceptant le multiple. Cette joie de la puissance dans le sens où Spinoza et Deleuze en ont parlé. » Depuis le début de l’aventure, l’équipe a fait sienne un autre principe de base : se sortir de la tristesse, de l’apathie et du catastrophisme, qui ne conduisent qu’à l’impuissance pour, au contraire, se réinventer, retrouver des possibles.
Le Soir, Catherine Makereel : Le monde n'est pas foutu, 4 décembre 2013

Chère Dominique Roodthooft,
(…) Car effectivement, chère Dominique Roodthooft, nous manquons cruellement d’une parole politique qui, au lieu de se rendre aux fatalismes et aux fatalités, livrerait notre réalité de tous les jours à des liens complexes, incidents ou improbables qui autoriseraient le décloisonnement des idées et permettraient l’élaboration d’une pensée, à la place de ce salmigondis résiliant auquel nous avons droit et qui en tient désormais lieu…
Ah vraiment, au moment où chacun s’en va scander que la parole d’aujourd’hui se doit d’être décomplexée, il n’est pas injuste que d’aucuns rappellent que la complexité n’est pas une affection mentale, et qu’on peut, par exemple, être populaire sans être populiste et intelligent sans être élitiste…
Là, dans votre " Smatch 3 ", après avoir traité de l’éthologie et puis de la botanique – en faisant intervenir des tas de gens que j’aime bien comme Vinciane Despret, Francis Hallé ou Gilles Clément – vous vous attaquez à l’anatomie pour traiter du pouvoir. Le pouvoir en ce qu’il empêche et le pouvoir en ce qu’il permet, aussi. Et je me disais que dans un temps où l’on confond allègrement " avoir l’autorité sur quelque chose " avec " avoir le pouvoir sur quelqu’un ", rappeler que le pouvoir c’est aussi de savoir utiliser nos facultés pour devoir oser, était décidément quelque chose de suffisamment roboratif et enthousiasmant pour aller assister, comme on le ferait ou presque dans un amphithéâtre - mais on y rit moins souvent et on y est moins ému – à cette leçon magistrale que vous donnez pendant quelques jours seulement et une fois tous les deux ans. C’est régulier sans doute, mais c’est aussi beaucoup moins malheureusement qu’au Collège de France…
L'envoi de Paul Hermant à Dominique Roodthooft, 30 novembre 2013

 

 

 

 

 

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